Le mythe de Don Giovanni est l’incarnation d’une liberté excessive face à la morale et à la mort, le récit d’un homme qui a joué et perdu la partie contre le Ciel. Mais si l’on pouvait capturer le parfum de sa course effrénée vers l’abîme, ce serait celle d’un « Encens de Venise » à la fois sulfureux et divin.
La dualité de Don Giovanni – la ferveur charnelle et le défi spirituel – se traduit par un accord olfactif en deux temps :
- La Note de Tête : La Légèreté Séductrice est l’expression de l’insolence et de l’éphémère. C’est le vent froid qui souffle sur la lagune de Venise, le miroir des canaux sur lesquels glisse le séducteur, insaisissable. Cette note est synonyme de modernité et de fraîcheur aquatique, comme un masque de surface jeté sur un désir sans fin. Elle représente l’ivresse du moment, le plaisir facile et l’absence de lendemain.
- La Note de Fond : La Fatalité et le Sacré (Résines d’Encens) C’est ici que le mythe plonge dans le tourment et la tragédie. Les résines créent un fond sombre, chaud, et persistant :
- Le Benjoin : Doux, vanillé et balsamique. Il apporte une chaleur sensuelle, presque un côté gourmand et réconfortant. C’est la promesse suave que Don Giovanni murmure à l’oreille de ses victimes, la note ambrée de la chambre secrète.
- Le Styrax : Cette résine a une facette plus fumée, épicée, parfois médicinale. Il représente l’agitation nerveuse et le danger sous-jacent à chaque conquête. C’est l’ombre grandissante du Commandeur.
- Le Fumencens (Encens Fumée) : Ce terme évoque la combustion des résines. C’est l’odeur du sacré et de l’église, mais ici, c’est l’Encens qui annonce la fin. Le Fumencens n’est pas purifiant, il est l’odeur de la condamnation, la fumée qui monte des Enfers lorsque la statue du Commandeur exige la repentance de Don Giovanni.
Le mythe de Don Giovanni est d’une modernité éclatante : il est la rencontre parfaite entre la frivolité marine et la densité résineuse, le miroir intemporel d’une soif de liberté poussée à l’extrême, dont la fête se paye toujours au prix fort.
